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Du rock au hip-hop en passant par le jazz et la pop, la soul et les musiques électroniques, iiconi vous invite à (re)découvrir les plus grands labels de l’histoire de la musique. Dans la série de l’histoire des grands labels de musique qu’iiconi vous raconte, Island Records tient une place particulière car l’un de nos fondateurs y a travaillé quelques belles années ! On est fier de vous conter cette histoire de la pop music incontournable.

Island, c’est un homme, une vision. Porté par son amour de la Jamaïque et du reggae, Chris Blackwell a créé le plus grand label indépendant de l’histoire de la musique. De Bob Marley à U2 en passant par Roxy Music, Grace Jones et Amy Winehouse, voici l’histoire d’Island Records.

 

La montée en puissance d’un petit label de musique

 

“J’aimais tellement la musique que je voulais m’en rapprocher le plus possible.“ Fils d’un couple de riches exportateurs irlando-jamaïcain, Chris Blackwell réalise son rêve à l’âge de 21 ans : le 4 janvier 1959, Chris Blackwell et ses associés Graeme Goodall et Leslie Kong fondent à Kingston Island Records, en clin d’œil à la chanson-générique du film Island in the Sun, interprétée par Harry Belafonte. 

Leur premier enregistrement, le LP jazz Lance Haywood at the Half Moon Hotel, est suivi par une série de 45-tours qui permet à Island de décrocher ses premiers numéros un jamaïcains avec Laurel Aitken (“Boogie in My Bones“) et Ernest Ranglin (“Wranglin’“). Cependant, le succès est de courte durée : victime de la rude concurrence des sound-systems et des labels de musique locaux, Chris Blackwell décide de relocaliser Island Records à Londres, afin de distribuer plus largement ses productions auprès de la communauté d’expatriés afro-caribéens. 

Après des débuts discrets, le label finit par s’imposer dans ce marché de niche. Chris Blackwell passe ensuite à la vitesse supérieure en 1964 en publiant “My Boy Lollipop“, ré-adapté en version ska par la chanteuse jamaïcaine Millie Small. Ce succès mondial inattendu pousse désormais Island Records à accompagner les carrières de ses propres artistes. 

En 1964, le label de musique  signe sa première formation pop, le Spencer Davis Group, emmené par son chanteur prodige Steve Winwood. Deux ans plus tard, “Keep On Running“, leur adaptation électrifiée d’un titre R&B de Jackie Edwards, détrône les Beatles en tête des hit-parades. La stratégie d’Island s’oriente alors vers la scène rock, tandis que son catalogue reggae est géré par la sous-branche Trojan Records, créée en 1968. 

 

Une nouvelle génération d’étoiles du reggae

 

À l’aube des années 1970, Island Records devient le plus important label de musique indépendant du Royaume-Uni. L’enseigne inaugure son propre studio d’enregistrement et accueille les nouveaux talents recrutés par le label au logo rose, dont les révélations folk Nick Drake, Fairport Convention, John Martyn, Cat Stevens et les futurs poids-lourds du british rock Mott The Hoople, Jethro Tull, King Crimson, Free et Roxy Music. 

Néanmoins, le reggae marque son retour en 1969 grâce au hit de Jimmy Cliff “Wonderful World, Beautiful People“, paru sur Trojan. Le chemin vers la gloire semble pavé pour l’acteur vedette de The Harder They Come, qui triomphe alors dans les salles de cinéma, mais Jimmy Cliff décide de ne pas prolonger son partenariat avec Island, laissant ainsi la voie libre à la future étoile mondiale du reggae : Bob Marley. 

Lors d’une étape de leur tournée européenne, les Wailers et leur leader Bob Marley frappent à la porte du bureau de Chris Blackwell et en ressortent avec la promesse d’un contrat d’enregistrement. 

Illustré par sa fameuse pochette en forme de briquet, l’album Catch a Fire, reçoit les louanges de la critique en 1973, mais il faudra attendre le recueil en public Live!, capturé au Lyceum de Londres en juillet 1975, pour que Bob Marley et les Wailers atteignent la consécration mondiale. Dans leur sillage émerge une nouvelle génération d’artistes et de formations reggae, parmi lesquels Toots and the Maytals, Burning Spear, Black Uhuru et Junior Murvin. Bob Marley restera fidèle à Island Records jusqu’à son décès, en mai 1981.

Le début d’une nouvelle ère prometteuse

 

Sorti le jour même de la disparition du pape du reggae, Nightclubbing, le cinquième album de Grace Jones, s’apprête à faire sensation. Quelques années plus tôt, en découvrant une photo de l’égérie de Jean-Paul Goude dans un magazine de mode, Chris Blackwell avait eu une épiphanie : en combinant l’imagerie glamour du mannequin à son attitude punk et en lui adjoignant une formidable section rythmique composée du batteur Sly Dunbar et du bassiste Robbie Shakespeare, le président-fondateur d’Island Records concocte un cocktail détonant. 

Grace Jones devient l’artiste phare du label, au moment où un groupe irlandais s’apprête à dominer la planète rock pendant les prochaines décennies. En février 1980, Bill Stewart, le dénicheur de talents d’Island Records, avait repéré U2 lors d’un concert au National Stadium de Dublin. Après avoir essuyé les refus de plusieurs labels de musique, le quatuor publie son premier album Boy pour Island quelques mois plus tard, avant d’exploser avec War en 1983.

 

Un savoir faire perpétué

 

Les années 1980 sont synonymes de nouveaux sommets commerciaux pour Island Records grâce aux succès de Robert Palmer, The B-52’s, Tom Tom Club, Kid Creole and the Coconuts et de ses sous-labels Stiff et ZTT (Frankie Goes to Hollywood, produit par Trevor “Video Killed the Radio Stars“  Horn). 

L’expansion se poursuit, mais cette période faste est freinée par une incursion hasardeuse dans la production cinématographique : en 1986, Island Pictures est victime d’un accident industriel en raison de l’échec de Good To Go, une comédie policière à gros budget starring Art Garfunkel. Trois ans plus tard, Chris Blackwell revend sa société à Polygram, puis quitte son poste de conseiller spécial du label en 1997.  

Depuis son départ, Island Record continue de prospérer grâce, entre autres, à Tricky, PJ Harvey, Pulp et The Cranberries dans les années 1990. Plus récemment, Mumford & Sons, Florence and the Machine, Amy Winehouse et les distributions britanniques des albums de Drake, Post Malone, Ariana Grande et The Weeknd perpétuent la grande histoire d’un label de musique à l’intégrité artistique toujours d’actualité, 63 ans après sa création.