Skip to main content

A travers ses recueils de poèmes, ses romans et ses chansons, Georges Brassens s’est imposé comme le “maître des mots” en France. Auteur exigeant et perfectionniste, il a conté à ses publics des bribes de sa vie et livré un regard incisif sur le monde environnant. Aujourd’hui, il reste l’un des auteurs les plus prolixes de la chanson française. Revenons sur les étapes clés de sa vie.

2 octobre 1921 : 

Naissance à Sète. Son père est maçon, sa mère, blanchisseuse. Toute la famille chante : Henri Garat, Ray Ventura, des airs napolitains…

1940-1943 : Train de vie

Tourneur aux usines Renault de Boulogne-Billancourt. Publication d’un recueil de poésies, A la venvole. STO près de Berlin. Il y rencontre Pierre Onteniente, «solide comme un roc», baptisé Gibraltar, qui sera son fidèle secrétaire. Il teste sur ses camarades Pauvre Martin, Brave Margot, Bonhomme.

1943 : Le commencement

Lors d’une permission à Paris, il joue la fille de l’air. Commence une vie de bohème impasse Florimont, dans le XIVe arrondissement, chez Jeanne Le Bonniec, 52 ans, son premier amour, qui lui inspirera La Cane de Jeanne, et son mari, Marcel Planche, l’Auvergnat de la chanson. Brassens écrit sous le pseudonyme de Géo Cédille au journal Le Libertaire. Il chantera toujours pour la Fédération anarchiste. 

Georges Brassens Jeune

 

1947 : Brassens rencontre la femme de sa vie

Rencontre avec Joha Heiman dite «Püppchen» (petite poupée en allemand), réfugiée estonienne de confession juive, qui sera sa compagne jusqu’à la fin. Il lui dédiera “J’ai rendez-vous avec vous”, “Je me suis fait tout petit”, “Saturne”, “La Non-Demande en mariage”. 

1952 : Une rencontre déterminante : Patachou

En janvier 1952, il interprète pour la première fois ses compositions devant la célèbre chanteuse. Le 24, il chante en fin de soirée dans son cabaret. Patachou, enthousiaste dès la première chanson, sur le point de partir en tournée, l’emmène avec elle. 

Peu de temps après, le quotidien belge “Le soir” cite pour la première fois l’une de ses chansons, “j’ai rendez-vous avec vous”, que Patachou a inscrite à son répertoire. Le 8 mars, il fait ses débuts officiels devant la presse. “Tout, ensuite, est allé très vite et je le dois à Patachou, jamais je ne cesserai de le dire. A ce moment-là, j’avais 31 ans et j’étais un peu désespéré, je commençais à penser que ça ne marcherait jamais.”

S’ensuit un Brassens qui ne connaîtra plus jamais la pauvreté et les échecs : entre 1952 et 1954, il sort douze 78 tours et 3 25 cm, totalisant un répertoire de vingt-neuf chansons, toutes devenues des classiques.

1953 : Les français découvrent Brassens

Il parcourt 34 villes de France, Belgique et Suisse. Certains se scandalisent à cause du “Gorille” et d’”Hécatombe”, on l’accuse d’être le responsable principal de la délinquance juvénile, pendant que d’autres applaudissent “Le Parapluie” ou “La chasse aux papillons”. Pour ou contre, mais le poète n’aura plus à supporter la cruelle indifférence de ses débuts. 

 

1955 : “La révélation de la chanson“

Cette année-là, la naissance d’une radio, Europe n°1, permettra la diffusion, pour la première fois, du “Gorille” et d’autres chansons jusque-là interdites d’antenne. Entre rires et protestation, trois ans après sa création, le gorille fait à nouveau parler de lui. Brassens, cette année-là, est consacré “Révélation de la chanson”

 

1960 : Brassens en tournée

Il se produit quatre semaines à l’Olympia. Le Parisien du 27 janvier écrit : “Il est l’un des dix artistes de variétés dont le nom suffit à remplir une salle.” À cette époque, il n’était pas rare, dans la même année, de se produire à l’Olympia et deux mois après à Bobino. 53 villes de France viennent applaudir le faiseur de mots crus et de chansons inoubliables. On note cette année-là la parution du premier ouvrage sur Brassens: “Georges Brassens ou la poésie quotidienne de la chanson”, de Jacques Charpentreau.

S’ensuit une tournée triomphale au Québec en 1961, où il est accueilli par Félix Leclerc. 

 

1964 : En plein succès 

Toute la France et les pays francophones chantent “Les copains d’abord” (composé pour le film “Les Copains” d’ Yves Robert). Une autre chanson qui en indigne plus d’un dans la presse,  “Les deux oncles”, chanson provocante, mal comprise, que Brassens, quoique désolé, ne reniera pas. Cette année-là, on compte 120 000 spectateurs venus l’applaudir pendant deux mois à Bobino. Ce succès ininterrompu sera sans cesse terni par la souffrance insupportable d’une maladie chronique, les coliques néphrétiques, qu’il devra supporter une grande partie de sa vie.

 

1972 : Sortie de son 13ème album : Fernande 

C’est l’avant-dernier projet de Georges Brassens et probablement son meilleur opus. 

Outre la chanson-titre, crue et drôle, dans laquelle Brassens nous explique pour qui il bande et ne bande pas, on y trouve aussi le grandiose “Mourir Pour Des Idées”, dans laquelle Brassens dénonce les idéologies ; “Les Passantes”, poème d’Antoine Pol – qui est mort un an avant la sortie de l’album – mis en musique, et devenu un classique absolu ; “A L’Ombre Des Maris”, sur le cocufiage et l’adultère ; “Stances A Un Cambrioleur”, dans laquelle Brassens donne un coup de chapeau au fictif Arsène Lupin, et fait des allusions caustiques aux cambriolages dont fut victime, une fois mise en vente, sa maison de Crespières ; et “Sauf Le Respect Que Je Vous Dois”, qui parle de l’adultère, là aussi, et particulièrement des femmes volages rendant leurs maris malheureux. Comme on le voit, ce disque de 1972 est un classique, un album remarquable et gavé de grandes chansons.

 

 

1975 : Georges Brassens, encore récompensé

Le Grand Prix de la ville de Paris lui est décerné. On le sait, le poète n’aime pas les honneurs. En revanche, il avoue avoir toujours aimé Paris : “Je suis un vieux parisien, depuis 1940, et je n’ai jamais vécu en dehors de Paris. J’ai toujours aimé passionnément cette ville.” 

1979 : Les reprises Jazz

Brassens s’accorde un grand bonheur : l’enregistrement de vingt-trois de ses chansons jouées en Jazz. Il y chante un unique titre : “Élégie à un rat de cave”. Pour ce double album, il partage avec Moustache le Grand Prix du disque de l’Académie du disque français. Un an plus tard, c’est pour son ami Lino Ventura qu’il enregistre 27 chansons de différents auteurs qui ont enchanté ses jeunes années. Le double album réalisé par Radio Monte-Carlo porte le titre : “Georges Brassens chante les chansons de sa jeunesse”. Il ne paraîtra qu’en 1982 et sera vendu au profit de l’association.

1981 : La fin du règne Brassens

En mai, il participe à l’émission “Escale en Languedoc”, d’Evelyne Pagès. Tournée 5 mois avant sa mort, l’émission est particulièrement émouvante. Le chanteur retrouve ses racines et ne sait pas encore que c’est sa dernière apparition sur le petit écran. On le voit chanter dans sa ville natale, sur les lieux même de son enfance. Il est très malade, mais malgré sa maigreur, personne ne s’imagine qu’il ne lui reste que 5 mois à vivre.

Le 29 octobre 1981

“Le mal mystérieux dont on cache le nom” finit par avoir raison de lui. Georges Brassens est mort.

 

D’autres sujets sur Georges Brassens à découvrir sur Janis Média : Derrière la moustache de Brassens

Pour tout savoir sur Brassens et écouter l’intégrale de ses chansons , découvrez l’édition iiconi Georges Brassens L’intégrale “Le temps ne fait rien à l’affaire”

Crédit photo : Getty, DR, Jean-Pierre LELOIR, Gamma Rapho