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À la découverte des plus célèbres labels de l’histoire de la musique avec iiconi et un
second épisode consacré à l’enseigne phare de la soul music : Motown Records.

Si les labels de soul music furent légion dans les années 1960 et 1970, Motown Records
s’impose comme l’enseigne la plus populaire du genre. Fondé à Detroit en 1959, Motown (la
contraction de Motor et Town) est l’aboutissement d’un rêve pour son fondateur Berry Gordy.
Disquaire féru de jazz, songwriter occasionnel et avant tout entrepreneur, Gordy imagine une
utopie artistique où les publics noirs et blancs seraient réunis autour d’une même musique.
Smokey Robinson, le chanteur prodige des Miracles, Mary Wells et les Marvelettes sont les
premiers interprètes à concrétiser ce crossover à l’aube des années 1960. Alors que les talents
se pressent à la porte du légendaire studio Hitsville U.S.A., les coulisses de Motown Records
fonctionnent comme une véritable chaîne d’assemblage, avec une équipe de talentueux
auteurs-compositeurs (le trio Lamont Dozier/Brian et Eddie Holland) dont les chansons sont
retranscrites avec un savoir-faire inégalable par les Funk Brothers, le groupe-maison de la
Motown, et les artisans de dizaines de tubes certifiés au Billboard.

En s’écartant des racines gospel et blues propres à la soul music, les grand succès de Motown
se caractérisent par l’alliance de mélodies imparables et d’une accessibilité immédiate aux
frontières de la standardisation pop. Grâce à cette “formule“, Motown classe plus d’une centaine
de titres dans le Top 10 US entre 1961 et 1971. Ces hits en or massif sont interprétés par ses
formations phares, dont les Temptations (“My Girl“, “Papa Was a Rollin’ Stone“), les Four Tops
(“Reach Out I’ll Be There“), Martha and the Vandellas (“Dancing in the Street“) et Les Supremes
de Diana Ross, le groupe vedette du label, qui remporte un succès monstre des deux côtés de
l’Atlantique avec les standards “You Can’t Hurry Love“ et “Stop! In The Name Of Love“. Les
artistes solo ne sont pas en reste avec la découverte du génie précoce Stevie Wonder, de
Marvin Gaye et d’un Michael Jackson encore enfant au sein des Jackson 5.
Paradoxalement, la fin de l’âge d’or de Motown Records coïncide avec l’émancipation de ses
plus fiers représentants : Dès 1971, Stevie Wonder s’affranchit de son contrat léonin avec Berry
Gordy et offre au monde une discographie aussi riche que personnelle. De son côté, Marvin

Gaye défie le label conservateur en publiant What’s Goin’ On, son album manifeste aux sous-
textes militants. Désormais exilé à Los Angeles, Motown Records accuse le coup au cours de la
décennie. Les années 1980 et 90 verront l’avénement de Lionel Richie, Rick James et Boyz II
Men, mais les multiples ventes et reventes du label finiront par reléguer le label à l’arrière-plan
de la scène urbaine. Désormais rattaché à Capitol Records, Motown a fêté son soixantième
anniversaire en 2019. “Mon rêve s’est réalisé“, avait déclaré à cette occasion Berry Gordy, en
contemplant le palmarès époustouflant de la plus célèbre usine à hits de l’histoire de la soul
music.