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iiconi est heureux de célébrer avec vous les albums et artistes cultes. Il y a 50 ans, la musique pop poursuivait sa route forte de l’explosion des musique noires et d’un rock plus authentique, fort en guitares ou revendications. L’année 72 est un cru encore exceptionnel où les futures icones de la musique pop, rock, soul et funk franchissent de nouvelles étapes en lançant de nouveaux albums remarquables devenus historiques. Voici en tout cas le choix d’iiconi. des pépites à réécouter.

album de 1972Neil Young Harvest (Reprise)

Sortie : 14/02/1972

 

Pour beaucoup, le quatrième album solo de Neil Young demeure à jamais le mètre-étalon de la carrière du Loner. Best-seller certifié lors de sa sortie grâce au succès international du single “Heart of Gold“, Harvest incarne le versant bucolique de la discographie pléthorique du géant canadien. Enregistrés principalement à Nashville avec les Stray Gators (et le concours de James Taylor et Linda Ronstadt), ses 10 titres convoquent des guitares boisées, du lap-steel et un grand orchestre dans les inoubliables “Old Man“, “A Man Needs a Maid“ et le déchirant plaidoyer anti-héroïne “The Needle and the Damage Done“. Cet arbre majestueux aux ramages acoustico-country-folk cache pourtant une vaste forêt électrique, comme le prouveront bientôt les saturations corrosives de Crazy Horse… 

 

Titres essentiels : “Heart of Gold“, “The Needle and the Damage Done“, “Old Man“

album de 1972Lou Reed Transformer (RCA)

Sortie : 08/12/1972

 

Pas encore tout à fait remis du spleen post-séparation du Velvet Underground, Lou Reed, exilé à Londres, recueille la main tendue d’un fan de la première heure : David Bowie. Au moment où Ziggy Stardust prend son envol pour Mars, le Thin White Duke (en compagnie de son génial guitariste/arrangeur Mick Ronson) taille sur mesure un album phare du glam-rock. Transformer cravache sévère (“Vicious“), plane (“Satellite of Love“), émerveille (“Perfect Day“) et donne à l’ancien Velvet l’unique hit de sa carrière grâce au lumineux “Walk On the Wild Side“. Un zénith commercial et une parenthèse enchantée dans le parcours de Lou Reed, qui pliera ensuite bagages pour visiter les contre-allées sombres de Berlin.

 

Titres essentiels : “Satellite of Love“, “Perfect Day“, “Walk on the Wild Side“.

album de 1972The Rolling Stones Exile on Main St. (Atlantic)

Sortie : 12/05/1972

 

Les grands groupes de l’histoire du rock possèdent dans leurs discographique son double-album de légende. Pour les Rolling Stones, celui-ci s’intitule Exile on Main St. Conçus entre Londres, Los Angeles et le sous-sol de la fameuse villa Nellcote et Villefranche-Sur-Mer, ses 18 titres puisent dans le panthéon musical de Mick’n’Keith, de la soul fiévreuse de “Tumbling Dice“ et “Shine a Light“ à la country music et au blues des pionniers (“Sweet Virginia“ et “Ventilator Blues“). Quatre miraculeuses faces de vinyles pour un double triomphe à la réhabilitation — injustement — tardive, suivi d’une tournée homérique entrée dans la légende. En 1972, les Rolling Stones étaient bien “le plus grand groupe de rock’n’roll au monde“.

 

Titres essentiels : “Rocks Off“, “Happy“, “Tumbling Dice“.

album de 1972

David Bowie The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars (RCA)

Sortie : 06/06/1972

 

Si Hunky Dory, le premier chef-d’oeuvre de David Bowie, révélait en 1971 un talent en puissance, son successeur vient confirmer son statut l’année suivante : dans la peau de Ziggy Stardust, superstar fictive à la fin tragique, Bowie téléporte des Spiders from Mars du glam-rock pailleté (Suffragette City“, “Hang On to Yourself“, “Star“) jusqu’aux portes des étoiles (“Starman“, “Moonage Daydream“), avant de se disparaître lors d’un dramatique “Rock’n’Roll Suicide“. Premier jalon de la Bowiemania, The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars anticipe également la création de futurs alter-ego musicaux pour David Bowie, et, plus tard, d’autres amateurs du grimage scénique, de Marilyn Manson à Lady Gaga.

 

Titres essentiels : “Ziggy Stardust“, “Rock’n’Roll Suicide“, “Starman“.

album de 1972

Curtis Mayfield Super Fly (Curtom)

Sortie : 11/07/1972

 

Dans le sillage du succès surprise de Shaft (magistralement mis en musique par Isaac Hayes), la Blaxploitation envahit les salles obscures et les bacs des disquaires. Pour Super Fly, réalisé en 1972 par Gordon Sparks Jr., Curtis Mayfield, l’ancien leader des Impressions, choisit de prendre à contre-pied la glorification des pimps et des dealers en dénonçant les ravages de la drogue (“No Thing On Me (Cocaine Song)“, “Pusherman“) et le quotidien sordide du ghetto (“Little Child Runnin’ Wild“, “Freddie’s Dead“). Sommet soul-funk au commentaire social cruellement lucide, la bande originale de Super Fly est à rapprocher du mythique What’s Goin’ On de Marvin Gaye.

 

Titres essentiels : “Little Child Runnin’ Wild“, “Pusherman“, “Freddie’s Dead“.

album de 1972 Stevie Wonder Talking Book (Tamla-Motown)

Sortie : 28/10/1972

 

Talking Book s’ouvre sur la tendre déclaration romantique de « You Are The Sunshine Of My Life », qui sera ensuite reprise dans le monde entier, avec une VF interprétée par Sacha Distel et Brigitte Bardot. Dans un tout autre registre, le virulent « Big Brother » dénonce le laxisme des leaders politiques vis-à-vis de la population noire. Néanmoins, un titre surpuissant domine le contenu éblouissant du quinzième album de Stevie Wonder : invité lors des séances aux studios Electric Lady de New York, Jeff Beck s’installe à la batterie et se met à jouer un rythme funky, bientôt rejoint par le maître du clavinet, qui griffonnera un texte dans la foulée de cette fulgurante improvisation. Ainsi nait le défenestrant « Superstition », pièce incontournable du répertoire doré de Stevie Wonder depuis 50 ans.

 

Titres essentiels : “Superstition“, “You Are The Sunshine of My Life“, “Big Brother“.

album de 1972Roxy Music Roxy Music (Island)

Sortie : 16/06/1972

 

À l’aube des années 1970, Bryan Ferry (chant, claviers), Brian Eno (synthétiseurs), Phil Manzanera (guitare), Paul Thompson (batterie), Andy Mackay (saxophone, hautbois) et le bassiste Graham Simpson fondent Roxy Music. Leur premier album auto-titré souffle un vent de renouveau sur la scène britannique en alliant clins d’oeil nostalgiques au rock des années 1950 et avant-garde, via les traitements de claviers révolutionnaires d’Eno. Le contenu rétro-futuriste de Roxy Music allie avec brio fun et expérimentation, des vrilles de mellotrons de “Ladytron“ aux clins d’oeil Beatlesiens de “Re-Make/Re-Model“. Glamour et délicieusement kitsch, l’identité visuelle du groupe est l’autre atout d’un premier essai salué comme un tour de force.

 

Titres essentiels : “Re-Make/Re-Model“, “Ladytron“, “If There Is Something“.

album de 1972Alice Cooper School’s Out (Warner Bros.)

Sortie : 30/06/1972

 

Oui, l’école est finie, et Alice Cooper, le Roi-mage du rock horrifique, referme les portes du bahut le temps d’un été. Produit par le fidèle Bob Ezrin, le cinquième album du groupe emmené par le fantasque Vincent Furnier est celui de la consécration. Entre grand-guignol heavy et surprenants dérapages jazz, School’s Out fourmille d’inventivité, de sa légendaire pochette-pupitre en passant par les citations astucieuses de West Side Story, par l’intermédiaire de la reprise astucieuse des fameux thèmes de Leonard Bernstein dans  “Gutter Cat vs. The Jets“ et le grand final instrumental de l’album. Au final, un disque tellement culte qu’il mériterait lui aussi son adaptation par Steven Spielberg !

 

Titres essentiels : “School’s Out“, “Blue Turk“, “Gutter Cat vs. The Jets“.

album de 1972Deep Purple Machine Head (Purple)

Sortie : 25/03/1972

 

En mars 1972, Deep Purple met le feu aux charts avec “Smoke On the Water“. Inspiré par un incendie provoqué l’année précédente par un fan de Frank Zappa pendant son concert au Casino de Montreux, la chanson et son riff monstre sur lequel se sont acharnés plusieurs générations de guitaristes amateurs dominent les sept titres d’un classique instantané du hard-rock, option baroque. Enregistré dans le couloir (!) d’un hôtel Montresien, l’implacable Machine Head renferme néanmoins d’autres points culminants gravis par le line-up stellaire Gillian/Blackmore/Glover/Lord/Paice, alias Deep Purple mark II : “Highway Star“, “Space Truckin’“ et les 7 minutes en roue libre du monumental “Lazy“. 

 

Titres essentiels : “Smoke On the Water“, “Highway Star“, “Lazy“.

album de 1972

Steely Dan Can’t Buy a Thrill (ABC Records)

Sortie : 17/11/1972

 

Au crépuscule des années 1960, les camarades de lycée Walter Becker et Donald Fagen unissent leurs forces et fondent Steely Dan. Can’t Buy a Thrill, leur premier album paru en novembre 1972, préfigure la future ligne de conduite du Dan : des chansons atypiques servies par une brillante sophistication instrumentale mêlées à d’irrésistibles mélodies pop. Portée par des textes cryptiques et la guitare en fusion de Jeff “Skunk“ Baxter, la signature unique de Steely Dan est mise au service de titres à la fois complexes et accessibles, comme l’attestent les pièces montées accroche-tympans “Do it Again“, “Dirty Work“, “Only a Fool Would Say That“ et l’exubérant “Reelin’ in the Years“.

 

Titres essentiels : “Do it Again“, “Dirty Work“, “Reelin’ in the Years“.

 

Voilà de quoi occuper vos week-ends et vos soirées. Ces artistes et ces albums sont incontournables et ont forgé l’année pop 72. Lesquels préférez-vous ?